Sylvia Lacaisse - Bestiaire par Lorenzo Perugini - 1993
Catalogue d'exposition - Chaumont
...en me parlant de son œuvre et de ses projets, Sylvia Lacaisse s'enflammait des échanges proposés par une femme d'origine amérindienne : des perles de verre colorées achetées à Paris contre quelques piranhas pêchés dans les eaux amazoniennes.
Elle m'affirmait, non sans malice, qu'il était plus facile de trouver à Paris ces boules percées pour colliers indiens.
Mais le troc, même si le cadeau expédié propose une relation amicale, (une bulle contre un crâne) séduit et inquiète; une publicité aux Vanités pour les PTT!
Le fil de l'eau la poursuit lorsqu'elle évoque Venise, Ville du grand départ et de l'ultime retour, on songe aussi à Murano.
Un atelier, c'est une île où l'on tisse le jour, ce que l'on défait la nuit.
Elle me confiait que la distance entre les deux mondes lui permettait de penser le lointain.
Retour à l'atelier, les matériaux d'un lieu à l'autre virevoltent, le vent se calme, ils se déposent.
Le piranha cruel,il ne lui reste que la tête et les dents. Les plaques de verre taillées au sabre.
Les instruments de précision, les vis et les rondelles, les boules et les attaches.
Des pierres allongées.
Une corne,il y a une corne qui tourne des pages.
Puis des aimants.
C'est une œuvre qui souffle l'esprit des mythes et des croyances aux grandes civilisations et si d'aventure on rencontre des influences, il apparait, en premier lieu, que la rencontre avec la statuaire Égyptienne est le fondement de sa connaissance....
... Les verres sont ordonnés face à face.
L'aimant se glisse entre chaque lame, l'horizon s'étire.
Sculpture Mallarméenne, rhétorique de l'éventail, c'est la fin de la nuit,le dessein est parfait, les énergies et les transparences s'accordent.
Union, syncrétisme, ornements prémédités, 14 étapes pour ce "Chemin de Croix" chacune d'entre elles comporte cinq piranhas, cinq plaies qui reçoivent la gueule ouverte, la vis dorée signe de l'acceptation au sacrifice.
Les plaques de fer qui supportent la scène sont patinées ou ruisselantes de graisse, ces formes dessinées par les pointes de la croix se révèlent être le schéma du cercueil.
La quincaillerie pour le crime, arme secrète des maniéristes.
La cruauté à la Maniera.
Sans esprit mimétique, les œuvres de Sylvia Lacaisse ont cette force d'apparaître dans leur essence pour disparaitre dans leur contexte... Sculptures qui perturbent, mais j'adhère autant que je me signe.
Lorenzo Perugini
- Curriculum vitae
- Communiqué de presse par Olivia Bianchi - 2009
- Les taxidermies de Sylvia Lacaisse par C.Bazin-Fontana - 2003 -
- Sylvia Lacaisse - Bestiaire par Lorenzo Perugini - 1993
- Le temps du regard - par Jeanne Gatard 1995
- Sylvia Lacaisse - Bestiaire par Julien Denoun -1991
- Sylvia Lacaisse Sculptures par Robert Fohr -1985
- Article de presse le quotidien de Paris - 1991
- Article de presseTélérama - 1986
- Article de presse Art press -1986